L’archive du mois de mai 2023 !
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Lumière sur … Poésies et recettes de cuisine
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Un peu de poésie pour ce mois de mai… Découvrez les poèmes de deux personnalités hautes en couleurs de la Presqu’île : le chansonnier Lucien Boyer, habitué du Cap Ferret (1876-1942) ; Jean Alibert, le maître restaurateur de La Forestière des années 1930.
A savourer également : de délicieuses recettes poétiques comme la soupe de poissons du Cap Ferret !
Quatrain
S’il est des femmes bien gentilles,
Il est des calembours amers ;
Le fard enlumine les filles,
Le Phare illumine les mers !
(Il y a quelques années, on tenait dans les phares un registre d’observations. Sur le registre du phare du Cap Ferret, « un de nos amis découpa la bluette suivante, perle de gaîté au milieu de réflexions plus graves », paru dans L’Avenir d’Arcachon, 23 juin 1895)
Arcachon
A M. Marcel Gounouilhou, Maire d’Arcachon
O Site merveilleux ! O Golfe incomparable
Enfermé dans un cadre au suave dessin !
Azur, vagues, forêts… Quel est le misérable
Qui vous a flagellés de ce mot : le « bassin » ?
Il n’avait donc pas vu la dune impérissable
Qui dresse, tout là-bas, ses montagnes d’or fin,
Et, devant l’Océan, s’allonge sur le sable
Comme une blonde en feu qui découvre son sein.
Il n’avait pas vogué, le jour, à pleines voiles !
Il n’avait pas aimé sous un lambris d’étoiles,
Avec la lune, au centre, ainsi qu’un cabochon.
Mais, l’injure finit dans une apothéose :
Qu’il soit bleu, le matin, ou le soir, qu’il soit rose,
Ah ! comme il resplendit le Bassin d’Arcachon !
Lucien Boyer
Au Cap Ferret
(paru dans La Petite Gironde, 31 juillet 1934)
La soupe au poisson du Cap Ferret
Faites revenir quelques gros oignons
Emincés d’abord par copeaux mignons
Dans l’huile reçue en vrais estagnons.
Un bouquet garni, deux « frrrts » de muscade
Dans l’huile qui danse et qui cavalcade
Laissez du Chablis tomber en cascade.
Tranchez en carrés ou bien en rondins
Anguilles, colins, merlans et grondins.
Laissez ronronner à bous anodins.
Dans une marmite, ayez soin de faire
Un jus de poireaux et pommes de terre :
Mouillez le poisson avec cette eau claire.
Activez alors le feu qui pâlit,
Et, pendant que cuit le poisson joli,
D’un bras vigoureux faites l’aïoli…
Sur de l’ail pilé dans une écuelle
Versez doucement l’huile rituelle
Qu’elle tombe fine et continuelle.
Puis tournez, tournez, bien que ce soit long,
Jusqu’à ce que, dur comme un moellon,
L’aïoli se colle après le pilon.
Laissez l’aïoli parfumer l’espace…
Prenez le tamis, que le poisson passe
A travers les trous de sa carapace.
Recueillez alors les poissons moulus
Et servez-vous-en pour corser le jus
Pour bien le lier, battez tant et plus.
Vous touchez au but : la soupe est finie,
Mais, pour en parfaire encor l’harmonie,
L’aïoli prépare un coup de génie !
Délicatement, avec ses parfums,
Embaumez le jus des poissons défunts,
Mais, pas de grumeaux, ils sont importuns.
Versez sur du pain grillé dans du beurre,
Et que Curnonsky brûle ma demeure
Si l’on peut goûter de soupe meilleure.
Lucien Boyer
(paru dans Comoedia, 6 novembre 1929)
L’Huître d’Arcachon
Le parqueur se penche
Sur la tuile blanche,
Gratte le naissin
Qui forme un dessin
De coquille fine
Sous l’algue marine.
Parmi ses aînées,
Dans les eaux salées
Sa maison nacrée
Défendra l’entrée
Au crabe voleur,
Souci du parqueur.
Pendant trois années
Par toutes marées
Le flot caressant
D’iode nourrissant,
Sa chair savoureuse
La rendra précieuse.
Puis un jour, en vie
Ouverte et meurtrie
Elle nourrira
Stars de cinéma
Bourgeois, midinettes,
Princes et vedettes.
Jean Alibert
Cap Ferret, La Forestière, 6 janvier 1934
(paru dans L’Avenir d’Arcachon, 11 janvier 1934)
La Petite Marmite
Objet sacré de terre cuite
la Marmite
distille en son gros bidon
le bouillon
bouquet de légumes frais
composé
de poireaux, carottes, navets,
mélangés
en harmonieuse proportion
de cuisson
paleron, gîte moelleux
nerveux
et les abats d’un poulet
amputé
du cou et des ailerons
ficelés en botillon
avec les pattes et gésier
échaudés.
Trois heures de cuisson
suffiront
à feu doux bien surveillé
écumé
pour cuisiner un bouillon
clair et blond.
Servez aussi apprêtés
et parés,
légumes, bœuf et poulet
bien coupés.
Accompagnez la Marmite
ainsi cuite
de tranches de pain grillé
et de parmesan râpé.
Jean Alibert, Cap Ferret
(paru dans L’Avenir d’Arcachon, 9 mars 1934)
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“Les souvenirs d’un homme constituent sa propre bibliothèque.”
Aldous Huxley, écrivain anglais (1894-1963)
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05.57.17.07.80
Sources et références
Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF :
- L’Avenir d’Arcachon, 23 juin 1895
- L’Avenir d’Arcachon, 11 janvier 1934
- L’Avenir d’Arcachon, 9 mars 1934
RetroNews, le site de presse ancienne de la BnF :
- Comoedia, 6 novembre 1929
- La Petite Gironde, 31 juillet 1934
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