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Lumière sur… La guerre d’Algérie
LES ARCHIVES MUNICIPALES DE LÈGE-CAP FERRET ONT POUR VOCATION DE CONSERVER LES ARCHIVES PUBLIQUES, MAIS AUSSI DES DOCUMENTS PRIVÉS, UNIQUES ET PARFOIS PERSONNELS. TOUS LES MOIS, DÉCOUVREZ UN DOCUMENT INÉDIT SUR VOTRE COMMUNE ! PAR SON INTÉRÊT HISTORIQUE, SON ASPECT ESTHÉTIQUE, OU SON ORIGINALITÉ, CE DOCUMENT TÉMOIGNE DE LA MÉMOIRE LOCALE.
Le 1er novembre 1954, une série d’attentats éclate en Algérie. La Toussaint rouge marque le début de la guerre d’Algérie qui oppose principalement le Front de libération nationale (FLN) à l’armée française. Le conflit s’inscrit dans le cadre du processus de décolonisation qui se déroule après la fin de la Seconde Guerre mondiale (indépendance de l’Indochine en juillet 1954). Le 18 mars 1962, le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République algérienne signent les accords d’Evian. Un cessez-le-feu est proclamé le 19 mars. Le 1er juillet 1962, l’indépendance de l’Algérie est proclamée.
La solidarité communale
Le 29 juin 1956, la commune de Lège crée un comité, composé de conseillers municipaux et de bénévoles, chargé de la préparation de colis destinés aux soldats servant en Algérie. Une somme de 100 000 francs est votée à cet effet. L’un de ces colis est envoyé le 20 septembre 1956 à tous les militaires appelés ou rappelés, domiciliés dans la commune. Un autre est prévu pour les fêtes de fin d’année.
La fête nationale est également l’occasion de se montrer solidaire avec les combattants. La quête du 14 juillet 1958 permet de récolter plus de 10 000 francs : 4 700 francs pour Lège, 3 765 francs pour Claouey, 1 650 francs pour Les Jacquets et Petit Piquey. Le traditionnel bal est même annulé à plusieurs reprises pour utiliser le budget correspondant à l’envoi de colis (1956, 1959, 1960).
Le parrainage d’Aokas
Née en avril 1956, l’idée de parrainage des communes de la Métropole avec des communes d’Algérie est initiée par le Mouvement national des élus locaux. Leurs dirigeants ont visité les communes sinistrées du Constantinois, au nord-est de l’Algérie. Le terme de parrainage est préféré à celui de jumelage, soulignant la valeur affective du projet.
Le 26 mars 1960, la municipalité de Lège est appelée à se prononcer sur le projet de parrainage du canton d’Audenge envers la commune d’Aokas. L’arrondissement de Bougie (aujourd’hui Béjaïa), où est située cette ville de 4 815 habitants, est déjà parrainée au département de la Gironde (seulement entre 1956 et 1962). Leurs relations portent sur la coopération, l’urbanisme, le rétablissement de la paix en Algérie. Le Conseil municipal à l’unanimité se prononce favorable à ce projet et vote une subvention de 173,50 nouveaux francs.
Gérard Blazquez et René Brunen, Morts pour la France
Depuis 2012, le 19 mars est devenu la journée nationale de commémorations pour les victimes civiles et militaires de cette guerre, ainsi que celles des combats en Tunisie et au Maroc. Parmi les pertes françaises, on dénombre près de 25 000 militaires morts, dont 15 500 au combat ou par attentat, 65 000 blessés et 485 disparus. Deux noms de soldats tombés lors de cette guerre sont gravés sur les Monuments aux Morts de Lège et de L’Herbe : Gérard Blazquez et René Brunen.
René Georges Brunen est né le 10 août 1930 à Bordeaux. Engagé volontaire, maréchal des logis dans le 2ème régiment de chasseurs d’Afrique, il a participé à la campagne d’Indochine. Il décède le 14 mai 1957 à l’âge de 26 ans. Il laisse derrière lui une épouse et une petite fille de deux ans. Ses actions lui valent la Médaille militaire, la Croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs avec deux étoiles et la Croix de la valeur militaire avec palme. Une messe lui est consacrée à la chapelle de la Villa Algérienne le 30 juin 1957 à 10h. Le 16 janvier 1996, le Conseil municipal décide de baptiser l’une des voies du nouveau lotissement des Vallons du Ferret au Canon de son nom, « rue René Brunen ». En honorant sa mémoire, la commune rend ainsi hommage « à tous ceux qui ont combattu sur les théâtres d’opérations extérieures ».
Gérard Philippe Blazquez est né le 30 octobre 1937 à Chenaud, en Dordogne. Il est caporal au sein du 4ème bataillon de chasseurs à pied. Il décède le 25 octobre 1959 dans les Aurès « en menant ses hommes à l’assaut d’une position rebelle fortement retranchée ». Il allait fêter son vingt-deuxième anniversaire. Décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de la Valeur militaire avec palme, il était un « caporal d’un courage exemplaire, magnifique entraîneur d’hommes qui, au cours de très nombreuses opérations dans le secteur d’Arris, a toujours fait l’admiration de ses chefs et subordonnés ». Son acte de décès est transcrit plusieurs mois plus tard, en mai 1960. Le 29 septembre 2000, l’espace vert à proximité de l’ancienne gare de Lège est nommé « square Gérard Blazquez ».
Bulletin de décès de Gérard Blazquez envoyé par la mairie de Teniet-el-Abed le 21 avril 1960 (Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
Le 11 mai 1981, à la demande du président de l’Union Nationale des Combattants en Afrique du Nord, la place du marché du Cap Ferret porte désormais le nom de « place des combattants d’A.F.N. ». En présence de nombreuses personnalités civiles et militaires, des anciens combattants et de membres de l’école du Cap Ferret, l’inauguration se poursuit avec une messe du souvenir à l’église Notre-Dame-des-Flots puis un repas dans les nouveaux salons de la Forestière.
L’inauguration de la place des combattants d’A.F.N., Sud-Ouest du 1er juillet 1982 (fonds presse, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
Petit guide des sources relatives à la guerre d’Algérie
Vous trouverez ci-dessous un panel d’archives relatives à la guerre d’Algérie. Ces documents sont en grande majorité consultables. Plusieurs dérogations aux délais légaux de communicabilité garantissent un accès plus large (arrêté du 9 septembre 2019 portant ouverture des archives relatives à la disparition de Maurice Audin, arrêté du 9 avril 2020 portant ouverture d’archives relatives aux disparus de la guerre d’Algérie, arrêté du 25 août 2023 portant ouverture d’archives relatives à la guerre d’Algérie).
Mémoire des Hommes, le portail culturel du ministère des Armées, met à disposition plusieurs bases de données qui recensent :
- Les victimes civiles disparues pendant la guerre d’Algérie
- Les militaires français portés disparus durant la guerre d’Algérie
- Morts pour la France de la guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de la Tunisie
Les Archives départementales de la Gironde ont mis en ligne un guide des sources disponibles relatives à ce conflit. Ce guide est réparti en quatre thématiques :
- le contexte politique et le climat social (dossiers de la préfecture, référendums, élections, etc)
- le maintien de l’ordre (surveillance policière des groupes et individus, répression administrative et judiciaire, contrôle des mouvements migratoires)
- les combattants de la guerre d’Algérie (rapatriés, Morts pour la France, etc)
- les rapatriés d’Algérie et les Harkis (commissions, centres d’accueil, dossiers d’indemnisation, etc)
Votre histoire, notre mémoire
“Les souvenirs d’un homme constituent sa propre bibliothèque.”
Aldous Huxley, écrivain anglais (1894-1963)
Les fonds d’archives que nous conservons au sujet de la guerre d’Algérie sont minces. Aussi, si vous avez des documents sur ce conflit, sur des combattants ou des rapatriés (en lien avec la commune), n’hésitez pas à nous rendre visite ou à nous contacter ! Vos souvenirs nous permettront de mieux faire connaître l’histoire de notre commune.
Contribuez à enrichir cet article !
Service des archives
79 avenue de la Mairie, Lège bourg
archives@legecapferret.fr
05.57.17.07.80
Sources et références
Les Archives municipales de Lège-Cap Ferret :
- Délibérations du Conseil Municipal de Lège-Cap Ferret
- Etat-civil de Lège et du Cap Ferret (actes de décès)
- Fonds presse
Archives de Sud-Ouest (en ligne) :
- L’édition du 28 juin 1957 (avis de messe pour René Brunen)
Mémoire des Hommes :
- Fiche « Mort pour la France » de Gérard Blazquez
- Fiche « Mort pour la France » de René Brunen
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